Mais qui est Lisette ?
Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins : il en faudrait tout un faisceau pour arriver à ma petite poule écrivaine intrinsèque. Donc on ne va en choisir que trois, des chemins. Que voici, histoire de voir à quoi ressemble le volatile extérieur…
Mais qui est Lisette ?
Je peux être timide, taiseuse, chiante, chercher ma rédemption dans le calme et l’écriture, je m’appelle alors Lise, et je suis invisible. Lorsqu’il s’agit de prolonger la vie, de la développer en synapses avides de sensations, tactiles et fabuleux, d’arrêter d’avoir la trouille en général et de ronger la laisse qui étrangle mon chat haret intérieur alors je me transforme en Lisette. Elle est mon interface visible. Ces pages survolent mon parcours, celui qui m’a menée jusqu’à la culture, littéraire d’abord mais aussi agricole. Les deux sont en circuit court, sans intermédiaire et intriquées.
Pour faire bref, je suis née à Granville, dans la Manche, en 1976. Depuis, il y a eu l’enfance et l’adolescence à St Martin, les études d’anglais à la fac de Caen, les années de voyage, pêle-mêle, à Strabane, Irlande du Nord ; Letterkenny, République d’Irlande ; Finthiock, Sénégal ; Aberdeen, Poo de Cabrales. Histoire de fuir, de récolter un peu de vie et de grandir un peu.
Je suis depuis quelques années agricultrice à Hudimesnil, Manche. Avec un troupeau de 10 vaches laitières en bio, en transfo fromagère, sur une ferme partagée.
Entre ces deux paragraphes vient se loger une foultitude de choses, dont l’écriture mais pas que. Des rencontres qui forgent, des amitiés, des aventures. La vie quoi…
La vie associative
Je crois que j’ai vraiment commencé à naître au giron de l’associatif. J’y ai tété à la manière d’un jeune homme qui apprend à boire : en titubant, en me gavant de tout ce que la nature humaine avait à m’offrir, de bon, de mauvais, les sucres et l’alcool, le verre, la bouteille, le bar entier, tout. J’y ai bossé, bénévolé, j’y ai grandi, enflé, gargantué comme jamais.
Les expériences les plus marquantes, les plus jalonneuses, fondatrices, ont sans doute été la création de la Fête des Sens sur la ferme du Petit Changeons à Avranches avec l’asso Quartier Nature.
Puis l’aventure Antirouille, le fanzine le moins connu de l’univers et distribué dans la région de Granville, Coutances, Avranches. Si Quartier Nature m’a permis d’affûter mes premières plumes en tant que trésorière/canard appelant pour les réunions (ou comment capter l’attention des adhérents avec des mails foutraques en lieu et place des sonorités protocolaires assassines habituelles), Antirouille a été ma rampe de lancement devant un vrai lectorat, carrément.
En clair, pour ceux que ça intéresse, j’ai appris à me lâcher à QN, devant un nombre restreint de personnes, et c’est à Antirouille que j’ai osé me mettre en scène devant une foule entière, et la balayer du regard pour observer bien en face les réactions.
La ferme du Bois Landelle
Parce que dans le mot agri-, il y a le mot culture, et ce depuis le début des temps.
En fait, je crois que je n’ai pas compris les rouages qui faisaient glisser le monde avant d’avoir posé mes sacs au Bois Landelle. La vie s’écoulait alors comme par magie, loin de toute notion de production. C’est sur la ferme que j’y ai embrassé cette notion – y compris celle de production littéraire – à pleine poitrine.
Le concept d’exploitation, de soi-même comme celle des autres, animaux ou humains, m’a fait réfléchir à une gestion parcimonieuse des efforts de chacun, d’où un adoucissement et un certain dépolissage de ma vision politique générale (mais non je ne suis pas de centre-droite). Le commerce n’est plus un gros mot : que je vende des bouquins ou du fromage, je me suis réappropriée la confiance, l’équité et la communication qui font le socle de tout échange commercial. Qui reste d’ailleurs un échange comme un autre. L’entreprenariat s’est également dépiauté de sa gangue de caca. Dans entreprenariat, j’entends : se vendre en circuit court. Et ça, allez-y, c’est un métier. Mais il faut d’abord, en tant qu’individu, enlever son uniforme col blanc et se dire que le bleu (de travail) est une couleur magnifique…
Bref, puisqu’un certain productivisme – simplement synonyme de se sortir les doigts du fion et arrêter de se prendre pour une serpillière – peut être vertueux et puisque culture et agriculture partagent bien plus qu’une base sémantique, pourquoi ne pas faire le lien sur cette page…
La ferme du Bois Landelle est une ancienne ferme conventionnelle passée en bio selon les vœux de l’exploitant parti en retraite. Guy Harasse a ainsi permis l’installation conjointe de plusieurs producteurs sur une exploitation qui ne faisait auparavant vivre qu’une famille. Donc sur notre ferme, on peut assez facilement rencontrer :
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Lisette et Tonio, fromage de vaches. 12 vaches sur 12 hectares d’herbe, what else ? Pas de laiterie, tout le lait est transformé sur place. Nos tommes fraîche, 3 mois ou 6 mois et nos petits moulés ail-ortie sont vendus au marché à la ferme tous les vendredis, sur le marché bio de Granville (mardi 16h30-18h30), dans plusieurs magasins et épiceries bio sur Granville et St Pair. Les bouquins suivent à peu près le même circuit de vente, comptez quelques librairies en plus…
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Le Champ des Pains. Tanguy Le Rolland et David, paysans-boulangers. Paysans car ils produisent les céréales qu’ils transforment eux-même en farine sur la ferme. Boulangers car bon, je ne vais pas vous faire un dessin. Vous pouvez retrouver David et Tanguy sur le marché à la ferme et le Bio P’tit Marché du mercredi à Coutances. Sinon, les pains sont aussi dans les Biocoop de Coutances et de Granville.
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Le Pré Vert. Wilfried Léger, plus connu sous le nom de Willow, élève ses cochons de Bayeux en plein air, ses bœufs et ses veaux itou. Cela donne des animaux heureux, qui gambadent joyeusement au grand soleil et une viande du feu de dieu. A retrouver en caissettes tous les mois au marché à la ferme et les produits transformés – pâtés et saucissons – à la Ptite Coop à Lingreville.
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Lucie Auvray : conserves de légumes en vente au marché du Bois Landelle.
Marché à la ferme bio le vendredi de 17h à 19h
Vous y trouverez les producteurs cités plus haut, of course, ainsi que :
- les légumes d’Alex, installé à la Lucerne d’Outremer.
- Les bières de Martin, paysan brasseur installé à Quibou.
- De l’épicerie bio et en vrac.
- Un poissonnier ambulant, Le Fou de Bassan.