Antirouille

Couverture Antirouille Avril 2017

Antirouille c’est, comment dire… ma mère, littérairement parlant ! C’est entre ses cuisses que je suis née, que j’ai poussé mes premiers cris et que j’ai ouvert les yeux sur le monde.

Tout a commencé, donc, avec Antirouille. C’est à dire que quelqu’un, quelque part, une connaissance qu’on ne pouvait pas encore appeler une amie, a décidé de réunir autour d’elle quelques hurluberlus pour mettre en forme ce qu’elle avait dans la tête, à savoir une sorte d’agenda des événements alternatifs locaux, parce que ça lui manquait au quotidien, à Julie. Elle voulait faire un fanzine, parce qu’un agenda seul, c’est un peu sec. Plus personne ne sait ce qu’est un fanzine mais on est comme ça à Antirouille, on est des chantres de la désuétude. Un fanzine c’est un magazine écrit exclusivement par des amateurs, donc généralement ça ne va pas très loin, d’où la large méconnaissance dont jouit la notion même de fanzine.

Ce qui m’a plu dans cette chose, Antirouille, c’est cette mayonnaise humaine qui a pris tout de suite. On s’est effectivement retrouvés une bande d’hurluberlus un soir dans un bar à considérer l’idée d’éditer un truc. A l’époque, j’essuyais encore un fond de timidité venue du fond des âges ingrats. J’ai proposé un texte pour le premier numéro, il a été validé en réu de rédac. En même temps, il y avait très peu de matière pour ce numéro 1. Puis j’ai proposé un deuxième texte pour le numéro 2. Puis un troisième. Et puis comme personne n’avait l’air constipé par ce que j’écrivais, et que c’était vraiment l’éclate de me répandre en textes tous les mois, j’ai pris l’habitude de faire ma petite affaire, docilement, régulièrement. On me parlait de mes Conseils de Lisette en rigolant : j’écrivais des appels à l’aide complètement foutraques et y répondais de la même manière.

Avec un agenda mensuel, donc, mais aussi des portraits d’artistes et d’asso locaux et des textes et des illustrations de qui voudrait bien écrire et dessiner, on pensait qu’un an serait amplement suffisant pour faire le tour des faiseurs d’art de chez nous. Huit ans après la boutique tourne toujours. L’équipe a changé mais l’esprit reste. Coordinatrice de réu / secrétaire / correctrice / rédactrice / distributrice, j’ai quitté le nid en même temps que la vieille équipe au premier confinement mais je continue à écrire les Conseils. En plus de me donner un pseudo pas trop compliqué, cet exercice mensuel m’a obligée à une certaine régularité, donc à une discipline à laquelle j’ai pris goût. J’ai proposé, par la suite, d’autres écrits, toujours courts, à l’échelle d’une page généralement. Mes envies perso, la quarantaine aidant, m’ont conduit vers une écriture au plus long cours : j’ai pris mes ailes à mon cou et fini par franchir le mur du son en auto-éditant un récit plus personnel, Sur le Chemin des Dunes, que je diffuse à ma sauce sur les traces d’Antirouille.